Jeune & Jolie

Spoken words special. Ein Text in Baudelaire's Sprache mit meiner Energie. Enjoy💜
March 11, 2020

Je m'appelle Julie, j'ai 17 ans.

Je suis jeune, mais je ne suis pas jolie

Pourtant je m'efforce, je ne mange pas beaucoup et quand c'est le cas,

je vomis !

Je me le suis jurĂ©, ancrĂ© dans la tĂȘte et fĂ©rocement promis

Mon corps et moi resterons Ă  jamais des ennemis !

Je suis jeune et pĂąle

Mais c'est le prix Ă  payer, alors pourquoi je rĂąle ?

Jour pour jour, j'ingurgite des pilules aux produits de mer

Je les avale et avale, Et tout cela pour une beauté éphémÚre

J' utilise une tonne de crĂšme, l'une pour le teint l'autre pour avoir les

jambes légÚres

Je me dis que tous les moyens sont bons lorsqu'on ne veut pas avoir

les rides de sa mĂšre

Minute pour minute, seconde aprĂšs seconde, je compte minutieusement

ce que je mange

ce que j'ai mangé

je m'imagine tout ce que je pourrais manger,

sachant que cela pourrait me défigurer , me détruire, oui !

Anéantir des mois et des mois de souffrance et de combat, contre mon plus féru ennemi

Ce corps qui me répugne et que ma mÚre appelle « ma chérie » !

Je compte et recompte, dans l'espoir de ne pas oublier ces minables

calories qui dérangent

Je suis terriblement vidée, tourmentée et lassée de la vie, car c'est elle

à présent qui me démange !

Mes journées sont un vrai cauchemar, un calvaire, un dédale et oui je

l'avoue, j'en ai marre, je dois me souvenir, vérifer et surtout jamais me tromper !

un verre d'eau ; zéro calorie

une miette de pain, une calorie

un café noir, idéal pour le reflet dans le miroir (rires)

un chewing-gum,coupe faim,j'ai mal aux intestins

un verre d'eau ,zéro calorie

Je le sais ! C'est ignoble, mais ces petites particules pourries

rythment et dominent ma satanée de vie !

Ne me regardez pas je vous en supplie ! Oui, Je suis jeune et oui ! je souris

Je suis une experte dans la matiĂšre

depuis qu'on m'a amadoué à la petite cuillÚre !

J'ai mal, mais je suis une actrice

merveilleuse et manipulatrice

performante mais surtout d-Ă©-g-o-Ă»-t-a-n-t-e !

Adaptée aux situations du quotidien

Docile et dressé comme un gentil petit chien !

FĂ©rue militante de la nourriture,

je suis Ă  la lettre cette maudite et impitoyable dictature

FidÚle au poste, transmettant d'année en année ma candidature !

Me perdant ainsi de plus en plus, me transformant en abominable miniature

À laquelle on va mĂȘme ĂŽter sa signature !

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J'ai appris Ă  feindre, Ă  paraĂźtre, Ă  cacher le moindre mal-ĂȘtre

et tout cela ? Pour aboutir à une une créature que lentement je torture !

J'ai su comment rayer le verbe « j' existe» de ma liste

su comment faire pour maĂźtriser, exiger , persister

pour ne jamais plus devoir m' exhiber !

Je suis prisonniĂšre de ce corps et au lieu de nous aimer

au lieu de lui pardonner

Et Ă  l'encontre de ce que les autres disent

nous nous détruisons à MA guise !

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Depuis que je suis enfant

on me met des jupes, m' enferme dans des collants

m'assurant que c'est tellement mignon!

Tout en oubliant qu'en moi s'esquissent des traits d'un petit ĂȘtre affolant!

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A la télé, on nous fait croire que cette hantise est un secret

et que mine de rien on devient aussi belle qu'autrefois nos jouets

ces petites poupĂ©es parfaites qui n'en faisaient qu'Ă  notre tĂȘte !

sculptĂ©es telles des reines souveraines sans gĂȘne

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Je suis jeune et je voudrais tellement ĂȘtre jolie

Être celle que l'on voit à l'affiche de tous les produits

On nous promet que nous le valons bien

Mais ces slogans vidés de sens ne guérissent aucun de mes chagrins !

Mes seins sont petits, mĂȘme si je suis grande

Devrais-je me teindre en blonde pour qu'il bande ?!

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Dans sept jours je fĂȘterai mes dix-huit ans

Adieu mon corps d'enfant et bonjour au derriÚre d'éléphant !

Je suis mon esclave, hantée et envoûtée par mes pires démons

Et puis, il y a LUI, somme de toutes mes ennuis

Je l'observe, cours aprÚs lui et récite sans cesse

l'Ă©quation de mes maladresses

Des cris silencieux étouffés dans de stupides scénarios de détresse

Et rien qu'une fois, je voudrais ĂȘtre celle Ă  qui il fait des compliments

Celle avec qui il voudrait voir s'arrĂȘter le temps...

Tous les jours, je suis Ă  l'Ă©cole et j'ai faim

Assises dans mon cours livrée à des heures monotones sans fin

Je redoute les pauses de repas, j'ignore comment les affronter

dans un monde dans lequel la bonté fut inventée

pour celles qui ne savent pas comment se faire monter !

comment faire pour ĂȘtre forte et surtout pour rĂ©sister ?

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Je suis une personne parmi deux mille Ă©lĂšves

Mais il n'y en a pas un seul qui remarque qu'en moi

jour pour jour des particules d'un bonheur inexistant crĂšvent

Personne ne sait et tout le monde ignore

Que je m'efforce d'ĂȘtre parmi les plus forts

Que chaque matin je me force d'éteindre le réveil et de sourire alors

Que je préfÚrerais me mettre en veille et m'anéantir

Que je préférerais fuir ce corps plutÎt que d'y mourir

Mais que malgrĂ© tout, je n'ai nulle part oĂč courir !

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Mes amis pensent me connaĂźtre...

Alors pourquoi n'ont-ils pas vu naßtre en moi ces démons

qui me dévorent et font que je m'ignore ?

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Je suis jeune, mais je ne suis pas jolie

L'amour me détruit parce que je suis incapable d'en payer le prix

« Il faut que les garçons t’'acceptent comme tu es » « Il faut qu'ils apprĂ©cient ton caractĂšre »

C'est facile de me balancer ces paroles insouciantes en tant que mĂšre!

De me faire croire que les hommes ne sont pas superficiels et

uniquement intéressés par la chair !

Mais quand j'ouvre les magazines dédiés aux beaux et aux riches

Je vois bien qu'il n'y a pas d'Ă©chappatoire et qu'en fait de nous on s'en

fiche !

Que si tu veux ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e et regardĂ©e tu n'as qu'Ă  commencer la

triche !

IMC...Indice de masse corporelle devient l'outil avec lequel je m'auto flagelle

caché sous un chiffre inoffensif, tu fais l'innocent

mais sache que tu es le maĂźtre qui domine mon Ă©tat compulsif !

Tu es la case de départ et la ligne à franchir, tu deviens tous les jours

un peu plus le guide de mes troubles obsessifs !

Je suis lassĂ©e, vidĂ©e et au lieu d'ĂȘtre jolie

Je voudrais crier et ĂȘtre impolie

Vomir aux pieds de ceux qui m'exaspÚrent et font que je dégénÚre !

Au quotidien, les gens me jugent sans savoir ce que je dois endurer

Alors que je sais que ces chiens ne mordent pas, mais ne font qu'aboyer !

Toutes ces femmes frĂȘles, incarnant Cacharel et dignes des plus

moches aquarelles,

Ne reflÚteront jamais la beauté et l'audace d'une femme naturelle !

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Vous nous condamnez Ă  ĂȘtre nos propres meurtriĂšres

Alors que tout ce que nous cherchons

c'est d'avoir des formes et d'en ĂȘtre fiĂšres !

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Vanessa Sanchez de la Hoz Willems

2016, Poetry Slam text

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